Ein Fall von sexuellem Übergriff in der Marine löst ein „#metoo der Armeen“ aus

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/20/une-affaire-d-agressions-sexuelles-dans-la-marine-amorce-un-metoo-des-armees_6223044_3224.html

Von Folivao

5 Comments

  1. **Dans l’Ouest, la députée (Renaissance) et capitaine de l’armée de terre Laetitia Saint-Paul, sidérée par les agressions subies par une jeune recrue, tente de mobiliser le gouvernement sur les comportements misogynes et sexistes dans l’armée.**

    Manon Dubois n’avait que 17 ans quand elle a décidé de s’engager dans la marine. Un coup de tête lors d’un forum des métiers, elle qui se voyait plutôt psychologue ou architecte. Des rêves d’aventure et de grand large balayant ces vocations trop sages.

    En octobre 2019, une fois majeure, elle est embarquée sur le Telenn-Mor, un chaland qui effectue des travaux dans le port de Brest, et rentre chaque soir s’amarrer à quai. Quartier-maître de première classe, elle est affectée à la cuisine pour nourrir les quatorze marins du bord. Le seul qu’elle côtoie dans son espace est un électrotechnicien. D’abord amical et blagueur, il dérape peu à peu, de grivoiseries en gestes déplacés, jusqu’à l’agression sexuelle.

    Manon se revoit figée, incapable de réagir. Serrant les dents et attendant que l’affectation de son agresseur, qui multiplie les agressions, prenne fin. En septembre 2021, elle est transférée sur un autre navire, la frégate Normandie, qui part en mission au large de la Norvège et de l’Ecosse. Mais, à bord, incroyable coup du sort, elle se retrouve nez à nez avec le matelot honni, installé dans la cabine d’en face. Une fois de plus il l’agresse, une fois de trop. Elle fond en larmes devant un commis, qui donne l’alerte.

    Devant la hiérarchie, l’homme reconnaît rapidement les faits – une soixantaine au total. Il est placé dix jours en arrêt. A la fin de la mission, Manon, elle, est débarquée. On lui conseille même de ne pas revenir à bord pour la suivante.

    Une fois à terre, elle s’accroche, pense pouvoir tenir, malgré le traumatisme, qu’elle ne mesure pas encore bien. Mais elle finit par craquer, dégoûtée, à deux semaines du brevet d’aptitude technique qui devait valider son intégration définitive. « Je ne voulais plus travailler pour une institution où l’on protège les coupables et où l’on écarte les victimes », a-t-elle expliqué au Courrier de l’Ouest en février.

    **« Un défaut de proportionnalité »**

    Sur proposition de la hiérarchie militaire, son agresseur évite le tribunal correctionnel. En novembre 2023, le parquet de Rennes valide une procédure de composition pénale, qui épargne une inscription au casier judiciaire de l’intéressé, synonyme d’exclusion des rangs de l’armée. La justice appelle ça « une alternative aux poursuites ». Il en ressort avec 600 euros de dommages et intérêts à verser à la victime et un stage de sensibilisation à effectuer. L’avocat de Manon Dubois, Me Julien Richou, est estomaqué. « La composition pénale n’est pas faite pour ces faits-là mais pour des faits mineurs. Cette orientation a été donnée pour favoriser le maintien du militaire en fonction au détriment de la victime. »

    En découvrant cette histoire dans les colonnes du quotidien régional, le sang de la députée Renaissance du Maine-et-Loire Laetitia Saint-Paul ne fait qu’un tour. Elue depuis 2017, la capitaine de l’armée de terre (43 ans) est la première militaire d’active à siéger à l’Assemblée nationale depuis 1918. « Ce que Manon Dubois a vécu est indigne de nos armées et de la République française », tonne-t-elle. « Je suis sidérée du fait qu’elle ait été la seule femme à bord. Depuis la sortie du plan antiharcèlement, il a été identifié qu’il ne faut pas isoler une femme. C’est insensé. »

    La députée en avise illico le ministre des armées, Sébastien Lecornu, à qui elle demande une enquête. « Au moins une fois par an, j’ai une affaire de ce type qui atterrit sur mon bureau, et la mécanique est toujours la même », réagit-elle. Sa parole fait boule de neige. « C’est bien simple, en quelques jours, ma boîte mail est devenue le “#metoo des armées”. »

    Du côté de la marine, on fait plutôt profil bas. « Le ministère n’est pas du tout hermétique à #metoo », assure Alban Simon, le porte-parole du commandant à la préfecture maritime de l’Atlantique. « Avec un personnel féminin assez conséquent, c’est un sujet sensible. On fait un gros travail de prévention dans les écoles. » Il souligne que, dans le cas de Manon Dubois, la justice a été saisie dès que la victime a informé la chaîne de commandement. « Des jours d’arrêt, c’est une vraie sanction, ce n’est pas anodin. Ça reste marqué dans le dossier des individus toute leur carrière », ajoute-t-il.

    Ce n’est pas ce que semble penser le cabinet de Sébastien Lecornu, qui a reçu la députée Laetitia Saint-Paul, le 14 mars. « Dix jours d’arrêt, il y a un défaut de proportionnalité par rapport à la faute. Ils en ont convenu. La volonté affichée, c’est zéro impunité. C’est un constat partagé, mais qui n’infuse pas sur le terrain. »

    **« Les chiffres sont clownesques »**

    Le 19 mars, Laetitia Saint-Paul enchaînait par un rendez-vous avec Aurore Bergé, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, pour évoquer l’affaire et ses développements. Et le contexte propre à l’armée. « La ministre s’est étouffée quand je lui ai appris que la cellule Thémis [elle a été créée en 2014 pour lutter contre le harcèlement sexuel, les violences sexuelles et sexistes, et les discriminations de toutes sortes au sein de l’armée] n’avait, par exemple, jamais reçu de plainte pour management toxique. Dans un système aussi hiérarchisé que les armées, qui comptent près de 300 000 personnes, c’est inenvisageable. Les chiffres sont clownesques, c’est une farce. »

    La députée de Saumur est revenue avec une avancée après cet échange. « La ministre m’a dit qu’elle avait dédié une personne de son cabinet pour réceptionner les messages reçus sur une boîte mail créée à son initiative [temoignages-efh@pm.gouv.fr]. Les personnes peuvent y témoigner, de manière anonyme ou non, pour que l’information ne soit pas filtrée par leur hiérarchie. »

    Laetitia Saint-Paul non plus n’a pas oublié ses jeunes années dans les rangs de l’école militaire de Saint-Cyr. Les « grosses » (les femmes) n’y étaient guère les bienvenues. « Mon capitaine de compagnie nous avait dit : “Mieux vaut être insultée qu’ignorée, ça vous fait exister.” »

    Manon Dubois, 23 ans désormais, tente de se reconstruire loin des rangs de l’armée, mais elle apprécie ce soutien tardif. « Ça remue quelque chose en moi, mais si ça peut aider les autres et m’aider, moi, à avancer, tant mieux », dit-elle. Son agresseur, lui, poursuit sa carrière au sein de la marine.

  2. chinchenping on

    >Des jours d’arrêt, c’est une vraie sanction, ce n’est pas anodin

    ils sont sérieux quand ils disent ça? Je veux dire ils le pensent vraiment ou c’est juste pour pouvoir dire “il a eu une vrai sanction et pas juste une tape sur la main”?

  3. claudespam on

    Une vraie sanction. Je suis sûr qu’il aurait pris plus cher s’il était arrivé bourré sur le bateau ou avait tiré les barres chocolatées du mess.

  4. J’avais pris 40 jours d’arrêt pour un bédo en 1990 … Jugé par des alcooliques. Le sens des priorités.

  5. CrazyAnarchFerret on

    C’est assez lunaire…

    On se demande comment un gouvernement avec Darmanin pour ministère de l’intérieur peut laisser passer ça !

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