Die CRS, ungeliebte Polizisten der Republik

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/13/les-crs-policiers-mal-aimes-de-la-republique_6445664_3224.html

Von arktal

6 Comments

  1. Les compagnies républicaines de sécurité célèbrent leurs 80 ans, vendredi 13 décembre. Retour sur l’histoire de ces unités très particulières, qui ont accompagné, depuis 1944, bien des soubresauts de la vie nationale.

    Ce fut un instant fugace. Un témoignage rare d’empathie. Le 11 janvier 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo, un professeur d’Arras, chapeau sur la tête, se détache de la marche républicaine organisée ce jour-là, pour aller embrasser un CRS, un solide gaillard de 32 ans originaire de la Martinique. L’heure était à la communion, à la reconnaissance. La foule applaudissait les fourgons de maintien de l’ordre destinés à sécuriser la marche.

    Puis tout est redevenu comme avant : « Si t’es fier d’être CRS, tape ton collègue », crie-t-on dans les cortèges contre la réforme des retraites en 2023. Quatre-vingts ans après la création de leur corps, les quelque 13 520 CRS restent les policiers les moins populaires, ceux qu’aucune série télévisée ne se risque à mettre en avant.

    Il faut remonter aux origines chaotiques pour comprendre les racines de cette antipathie. Le 8 décembre 1944, six mois après le Débarquement, le général de Gaulle et le ministre de l’intérieur du gouvernement alors provisoire, Adrien Tixier, décident de dissoudre les groupes mobiles de réserve (GMR) et de les remplacer, le même jour, par les compagnies républicaines de sécurité (CRS). Les premières unités, créées en 1941 par le gouvernement de Vichy, traînaient l’image sulfureuse de forces d’appoint de l’occupant. Elles sévirent notamment contre le maquis de Bergerac, en Dordogne, dans le Massif central, et bouclèrent le Vercors alors que les troupes allemandes y traquaient les résistants.

    Les secondes, les CRS, destinées à rassurer la population mais aussi les Alliés sur la volonté du pouvoir de rétablir l’ordre face à l’ambiance de guerre civile qui régnait, intégrèrent, dès leur naissance, 60 % des membres des GMR recyclés après épuration, mais également 40 % de résistants et de maquisards issus des « milices patriotiques » communistes, dissoutes elles aussi à la demande du général de Gaulle par Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), gracié à son retour d’URSS et brièvement ministre.

    « Le PCF les encourageait à rejoindre les nouvelles compagnies, car c’était un moyen de trouver du travail et de faire de l’entrisme dans l’appareil répressif de l’Etat, même si certains miliciens y répugnaient, voire refusaient tout net », explique l’historien de la police Jean-Marc Berlière.

    La coexistence fut parfois difficile, et la domination des « rouges », notamment dans les compagnies du Sud-Est, conduisit à la première crise : onze d’entre elles, à forte dominante communiste, accusées de soutenir les manifestants, voire, comme à Marseille, de leur avoir prêté main-forte lors de la prise d’assaut du palais de justice puis de la mairie – ce qui se révélera inexact –, sont dissoutes dès décembre 1947.

    **« La même évolution que la société »**

    La nouvelle force civile de maintien de l’ordre « y gagna une haine tenace des classes populaires et des militants, décrit Jean-Marc Berlière, auteur d’Histoire des polices en France de l’Ancien Régime à nos jours (Nouveau Monde, 780 pages, 26,40 euros). C’est alors que le slogan “CRS-SS” vit le jour », poursuit-il. Bien avant Mai 68, donc.

    En parallèle, la répression en 1947 de grèves insurrectionnelles dans le Nord et à Saint-Etienne, qui firent de nombreux blessés graves, posa le décor d’une violence d’Etat assumée.

    Depuis cette date, le gaz lacrymogène CS, abandonné pendant la seconde guerre mondiale, équipe les CRS. Aujourd’hui encore, cette arme chimique, censée maintenir à distance des protestataires trop remuants, reste le premier « outil » du maintien de l’ordre. Un pic sera même atteint le 1er décembre 2018 autour du rond-point de l’Arc de Triomphe, à Paris, pris d’assaut par des « gilets jaunes » et littéralement noyé sous les volutes blanches. « Trente mille grenades lacrymo ont été utilisées, au point qu’on réfléchissait à en acheter à l’Allemagne », rapporte Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité (majoritaire), lui-même CRS pendant onze ans et dont le fils a suivi les traces.

    Longtemps, l’ancrage à gauche restera pourtant la marque de fabrique méconnue des CRS. Privés du droit de grève, comme tous leurs pairs dans la police, ils créent, en 1948, le Syndicat national indépendant de la police des compagnies républicaines de sécurité, clairement identifié à gauche, puis, l’année suivante, l’Association nationale d’action sociale, fondée sur l’aide sociale, la solidarité et l’organisation de colonies de vacances. En 1958, ils instaurent le secourisme en montagne.

    Mais les CRS votent-ils encore à gauche ? « Quelle gauche ? Celle de La France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon, qui nous insulte dans la rue ? », s’insurge un vieux briscard, qui se dit « dégoûté par [s]on ancien camp politique ». « Quelle gauche ? Celle qui nous crie : “Suicidez-vous” dans les cortèges ?, abonde Grégory Joron. Les CRS ont suivi la même évolution que la société française. »

    L’engagement du début a donc vécu. Enfin, presque. Le visage jovial sous sa barbe, Ludovic Tonneau fait figure de dernier des Mohicans. Délégué national de la CGT-Intérieur-Police, il est, comme il l’admet avec franchise, « le seul » CRS encarté à la CGT, dont l’influence, par le passé, était pourtant forte. « Ce sont des commandants CRS expérimentés qui ont formé le SO [service d’ordre] de la CGT », affirme-t-il. L’époque a changé et, au sein même du syndicat, l’agent Tonneau, 47 ans, doublement décoré lors de la cérémonie des 80 ans organisée dans sa compagnie, la CRS 21, basée à Saint-Quentin (Aisne), est parfois en butte aux critiques. « Tu es avec ceux qui nous tapent dessus », lui assène-t-on.

  2. Je suis étonné que les CRS soient plus impopulaires que la BAC, alors que ces derniers sont régulièrement pointés du doigt pour leurs méthodes de cowboys.

    Rappelons aussi que le maintien de l’ordre à la française tel qu’assuré par les CRS [a longtemps été un modèle pour les autres pays](https://www.youtube.com/watch?v=EyOCnK0L4YQ).

  3. HiroPetrelli on

    D’un côté, ils sont les vecteurs légaux de la violence d’État et d’un autre, un bon nombre d’entre eux est soupçonné d’aimer ça.

  4. mal aimé, c’est peu dire…après comme dans la police, les CRS professionnel sont parties pour raisons étiques ou furent placardisés laissant des bourrins et des fachos surtout pendant la période des gilet jaunes (depuis 1947, les compagnies dites de gauche sont dissous car ont rejoint les grévistes, c’est aussi pour cela qu’ils sont envoyés de l’autre coté de la France pour éviter de devoir taper sur des connaissance; et avec Sarko, la doctrine force de l’ordre fut sacrément renforcé permettant a des tarré de l’ordre et du tabassage d’être nommé chef de service)

  5. J’aimerais bien être avec ces fameuses personnes un tant soit peu critique des CRS. Dans ma famille c’est soutien inconditionnel et excuses pour tout.

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